Être mère à la place de ma mère

Mes parents se sont mariés en 1976 et 2 ans plus tard, j'arrivais.  Et ma mère décidait d'être maman à la maison.  Ainsi, jusqu'à ce que je quitte le nid à 17 ans, ma mère a toujours été là, tous les jours. Toutes les semaines. Tous les mois. Tous les ans. Elle était là, elle était partout. 

Elle était même là à l'école! Très impliquée dans les comités de parents, à toutes les semaines on m'appelait chez le directeur pour récupérer des papiers pour ma mère. De temps en temps, elle partait pour un week-end à Québec pour ses réunions, et on restait seules avec papa, ma sœur et moi.  Enfin, maman n'était plus là!

Crédit photo : Annie Goudreau

Crédit photo : Annie Goudreau

Ma mère avait aussi une routine très stable : tous les lundis et vendredis, c'était le ménage de la maison, et quiconque se trouvait dans la maison ces journées-là participait à la corvée.  De l'esclavage pur et dur, je vous jure!

L'opinion que j'avais de ma mère à cette époque n'était ni bonne ni mauvaise.  Je n'étais ni fière de ma mère, ni impressionnée, ma mère était... Big Brother. Toujours là. 

Puis je suis partie de la maison pour étudier, choisissant d'aller loin de chez moi, pour me sauver de la présence constante de ma mère. Quand ma sœur est partie l'année suivante, ma mère s'est trouvé un emploi de cuisinière dans une résidence pour personnes âgées. Après presque 20 ans à la maison, son diplôme en réadaptation physique ne valait plus grand chose, et ses compétences se résumaient à « cuisine et ménage » Encore là, je n'étais ni fière de ma mère, ni impressionnée, ma mère était...  une femme qui veut se désennuyer.

Crédit photo : Annie Goudreau

Crédit photo : Annie Goudreau

Puis j'ai eu des enfants. Enceinte du deuxième à la toute fin de mon premier congé de maternité, c'est un peu malgré moi que j'aurai décidé de rester à la maison. Après 3 ans de ce régime, à 2 doigts de la dépression, j'ai lâché prise : les gars à la garderie, maman au boulot « dehors ».

C'est là que j'ai compris.

J'ai compris que pendant 20 ans, ma mère s'était oubliée pour ne penser qu'à nous, ma sœur, mon père et moi. 

Elle avait mis sa propre vie sur pause pour que nous trois, nous puissions avancer dans la nôtre. 

Elle s'était spécialisée en cuisine pour que ma sœur et moi mangions les meilleurs aliments possibles, des repas faits maison avec amour, tous les jours, matin, midi et soir. 

Elle faisait le ménage de la maison deux fois par semaine pour que nous grandissions dans un environnement sain, propre, sécuritaire et agréable. 

Elle partait de temps en temps le week-end non pas pour se reposer, mais pour contribuer à notre éducation, en faisant avancer le train de l'éducation à la Fédération des Comités de Parents du Québec.

Pendant 20 ans, ma mère était... une mère. Une cuisinière. Une enseignante. Une psychologue. Une infirmière. Une concierge. Une politicienne. Une gestionnaire. Une animatrice. Une policière.

À 38 ans maintenant, mère moi-même de deux enfants, je prends pleinement conscience de tous les sacrifices que ma mère a faits dans sa vie pour ma sœur et moi. 

À 38 ans, j'essaie maintenant de mettre les pieds dans ses traces pour élever mes fils comme elle nous aura élevé ma sœur et moi, avec amour, avec dévouement, avec passion, avec fierté aussi, nous offrant le meilleur d'elle et du monde pour que nous devenions, ma sœur et moi, des femmes inspirantes à notre tour. 

Alors que plus jeune, je voulais me sauver de la présence de ma mère, maintenant, je savoure chaque instant avec elle, comprenant qu'un jour, elle ne sera plus là! Et alors, ce sera à moi, d'être comme elle... à ma façon!

Bonne fête des mères ma maman, mon inspiration.  Je suis fière de toi.

Article rédigé par Annie Goudreau
Son blogue : Morceaux-arc-en-ciel




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