Quand ça finit trop vite...
Avec les temps froids ces temps-ci, vous serez tentés de vous rapprocher! Mais serez-vous satisfaits de ces moments privilégiés ou finiront-ils un peu trop vite à votre goût?
Dans cet article, nous parlerons d’un sujet très tabou, mais assez commun. On estime qu’un homme sur 10 en souffre. De quoi s’agit-il? Alors voilà, nous parlerons ici d’éjaculation précoce!
Saviez-vous que le sperme se crée seulement lors d’une excitation sexuelle? Quand vous êtes excités, messieurs, vous commencez à créer du liquide. Il sera emmagasiné dans de petits sacs appelés vésicules séminales. En temps normal, vous conserverez votre éjaculation dans ces vésicules jusqu’au moment de votre choix.
Pour vous donner une idée, la moyenne québécoise de durée d’une pénétration est de 3 à 7 minutes. Cependant, la satisfaction prime sur le temps... Alors un homme qui a une latence de 4 minutes, mais sans contrôle, se considérera comme précoce... même s’il est dans la moyenne!
Pour d’autres hommes, la latence pourra être beaucoup plus contraignante. Leurs vésicules se vident aussitôt qu’elles commencent à se remplir, ou presque. C’est alors que l’éjaculation arrivera trop tôt et sans satisfaction. Parfois même avant la pénétration. On parle alors d’éjaculation précoce.
Socialement, l’éjaculation précoce est perçue comme étant due à un mauvais contrôle volontaire et une hypersensibilité. Pourtant, c’est en grande partie faux! Il y a, entre autres, deux structures qui empêchent le liquide séminal de sortir. Et les deux sont des muscles! Si ces muscles ne font pas leur travail, peu importe l’énergie mentale que vous y mettrez, l’éjaculation aura lieu quand ils auront atteint leur limite.
Le premier responsable est le pubo-rectal. Il fait littéralement une barrière au sperme et le retient dans les vésicules.
La deuxième structure est un groupe de muscles appelés les releveurs de l’anus. Ces muscles vont tirer sur le pénis, ce qui réduit l’urètre (tuyau par lequel l’urine et le sperme sortent). Une grande pression devra s’être accumulée dans les vésicules pour pouvoir contrer l’étroitesse du tuyau étiré. Si les muscles ne parviennent pas à réduire l’urètre, une faible quantité de sperme sera suffisante pour faire pression et sortir!
Ces muscles peuvent être lésés pour plusieurs raisons durant une vie. Une fracture de coccyx, une blessure au bassin ou au dos, une torsion testiculaire, une chirurgie pelvienne, avoir été propre trop jeune, le cyclisme, etc. Vous aurez alors possiblement d’autres symptômes comme des envies d’uriner urgentes et surprenantes, un besoin de pousser très fort pour sortir une selle, des engourdissements aux testicules ou même dans la jambe ou jusqu’au pied, des troubles à maintenir une érection ou à en avoir une, etc.
Mais bonne nouvelle, des muscles, ça s’entraîne! On doit assouplir ce qui doit être assoupli et renforcir ce qui doit être renforci! Un muscle tendu sera fatigué d’être toujours contracté. Il ne voudra donc pas prendre de force. Alors idéalement, vous devez vous faire évaluer pour savoir quoi faire pour vous aider!
De plus, il faudra aussi travailler le reste du corps. Souvent, les hommes aux prises avec des éjaculations précoces auront tendance à bouger le reste du corps en bloc. Ils devront donc apprendre à bouger les hanches, le bassin et le dos de façon dissociée, tout en continuant à respirer normalement. Bref, on reprend le contrôle dans le corps au complet! Nous pouvons utiliser de petites électrodes et nous voyons à l’écran ce qui arrive aux muscles de l’éjaculation lorsque vous bougez les bras et les jambes par exemple. Il n’y a pas plus concret!
Idéalement, une réadaptation entreprise pour l’éjaculation bénéficiera d’un suivi avec une sexologue. Plusieurs autres aspects peuvent contraindre le contrôle. Par exemple, l’anxiété de performance. Il n’est pas rare que les hommes évalués en physiothérapie aient le profil de supers hommes. Super entrepreneur, super conjoints, super papa, super athlète, super alimentation, super loisirs, etc. Il faudra donc apprendre à relâcher la pression du quotidien!
J’espère que vous oserez partager ce texte, peut-être touchera-t-il un couple près de vous qui sera soulagé d’apprendre qu’il y a des solutions!
Article rédigé par Mélanie Claveau, physiothérapeute périnéale et pelvienne à la Clinique Santé Pelvienne et Pédiatrique
Marie-Ève n’a pas envie de se contenter de prendre soin d’elle, elle souhaite plutôt investir en elle-même au quotidien.