Je ne suis pas tombée en amour avec mon bébé dès le premier regard

Quand tu tombes enceinte pour la première fois, les gens s’empressent de te bombarder de leurs histoires. Ils veulent te raconter dans le moindre détail comment leur accouchement s’est déroulé, à quel point ce fut le grand amour quand le médecin a déposé leur petit bébé tout neuf sur leur poitrine, comment le retour à la maison s’est passé. 

Je ne sais pas si j’ai croisé seulement des gens pour qui les premiers jours de la parentalité ont été merveilleux ou si les gens qui avaient trouvé cela difficile se sont abstenus de me raconter les détails, mais toutes les histoires qu’on me racontait étaient belles et douces.

Oui les accouchements sont douloureux, mais, selon les dires de tout le monde, on oublie vite, aussitôt notre bébé dans nos bras. 

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Je ne sais pas si j’étais prête à entendre des histoires différentes à ce moment-là. Tu viens de tomber enceinte, un petit humain est en train de se construire dans ton ventre, tu es émerveillée devant la beauté de la vie et de la maternité.

Je ne sais pas si on m’avait dit à ce moment-là que j’allais peut-être trouver les premiers jours de ma vie de maman horribles, que j’allais peut-être avoir un baby blues, je l’aurais cru.   


Alors quand ça m’est arrivé, ça m’est rentré dedans comme une tonne de briques. Mon accouchement n’a pas été facile. Nous avons évité de justesse la césarienne d’urgence et le tout s’est terminé avec les forceps. L’intervention a cassé la clavicule de mon bébé, ce que nous avons découvert seulement 3 jours plus tard.

De mon côté, j’ai fait une hémorragie importante et j’ai été clouée au lit plusieurs heures après l’accouchement. Comme ma fille avait la clavicule cassée, mais que nous l’ignorions, l’allaitement était très difficile.

Elle avait mal, mais nous ne comprenions pas ce qui la dérangeait.

Elle a aussi fait une jaunisse sévère, ce qui nous a obligés à rester à l’hôpital quelques jours. J’ai à peine dormi pendant ces journées à l’hôpital.

J’étais complètement exténuée et j’avais déjà commencé, sans le savoir, un baby blues qui allait durer plus d’une semaine.

Crédit photo : Janie Larivière

Crédit photo : Janie Larivière

Le retour à la maison n’a pas été facile. Le baby blues était au point le plus intense. Les symptômes les plus graves se manifestaient la nuit. Je me disais que nous avions fait une erreur en ayant un enfant, nous étions si bien avant. Aussitôt que ces pensées traversaient mon esprit, je me traitais de mauvaise mère.

Je pleurais toutes les larmes de mon corps en ne sachant pas trop ce qui m’arrivait. Nous savions maintenant que la petite clavicule de notre bébé était cassée.  J’ai donc tiré mon lait pour qu’on puisse lui donner au biberon, dans une position confortable pour elle.

J’étais tellement soulagée. N’importe qui pouvait la nourrir, je n’avais pas à la tenir collée sur moi toutes les deux heures pour l’allaiter. C’est une amie médecin qui m’a expliqué le baby blues quand je lui ai confié que le fait de tirer mon lait était une véritable libération à mes yeux.

Elle m’a aussi expliqué que les symptômes pouvaient être plus intenses le soir et la nuit à cause de la luminosité.

Comprendre ce qui m’arrivait m’a beaucoup aidé à diminuer la culpabilité. 

Puis, comme par magie, quand ma fille a eu environ 10 jours, je me surprenais à vouloir l’avoir dans les bras le plus souvent possible.

Je m’émerveillais devant ses petits pieds parfaits. Je tombais amoureuse de mon bébé comme on me l’avait promis.

J’avais seulement pris un peu plus de temps que la normale. 

Un texte de Janie Larivière

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