Lettre au père de mes filles

Je m'excuse.

Oui t'as bien lu, je m'excuse.

Je m'excuse parce que je réalise. J'ai compris.

Je suis partie. Même si j'avais le droit de le faire, je suis partie. Avec la moitié de ta vie.

Je savais que c'était la bonne décision. Mais je ne voyais pas, au fond, le vrai mal que je te faisais. À toi, avec qui j'ai partagé la moitié de ma vie. 

Je réalise que ce ne sont pas juste des meubles qu'on a séparés. Ce sont tes rêves que j'ai brisés.

Tu sais au fond que jamais je n'ai voulu te faire de mal. 

J'ai tellement longtemps hésité. Réfléchi. Pesé les pour et les contre. Mais j'ai compris que mon bonheur ne se mesure pas en "avantages" ni en "inconvénients". Qu'il ne tient pas sur les apparences ou sur ce que les gens vont déblatérer à notre sujet. 

Mon bonheur était effrité, endormi. Pas parce qu'on lui a fait du mal. Juste parce qu'on l'a oublié. On pensait au bonheur de nos merveilleuses filles et ça fait de nous, je pense, toute une équipe de parents. 

Tu sais, ma confiance en toi est sans fin. 

Je l'ai toujours dit. Si j'avais à me perdre dans le bois avec quelqu'un, ce serait bien avec toi. Je n’aurais jamais peur et je sais que tu nous sortirais de là. Pour les filles. Et pour cet amour-pas-amoureux qu'on a l'un pour l'autre. Ce respect mutuel et cette entraide qui nous ont permis de franchir toutes les épreuves qui nous attendaient. Les étapes qu'on avait à franchir pour retrouver l'humain qu'on était au début. Le quelqu'un du dedans qu'on a perdu en cours de route. 

Je m'excuse d'avoir mis certains de tes projets sur la glace. Je m'excuse d'avoir été l'initiatrice de tout ce processus qui serait arrivé, d'une façon ou d'une autre. On le savait, on ne se le disait juste pas.

Ces deux dernières années n'ont pas été comme je l'avais envisagé. Parce que tout était tellement prévu d'avance dans notre ancienne vie, que même le bonheur ne savait plus comment y trouver sa place. On l'a étouffé à coups de routine et de tâches ménagères. À coups de projets qui devaient nous rapprocher mais qui, en bout de ligne, n'ont pas eu l'effet escompté.

Dans tout le pas beau et moins cute qui a suivi, tu avais la grandeur d'âme de celui avec qui j'avais eu envie de fonder une famille. Moi qui n'étais même pas sûre de vouloir des enfants. Tu es resté toi, celui dont je n'étais plus amoureuse mais qui restait le méchant bon gars que j'ai rencontré il y a 14 ans. 

Tu as continué d'embarquer dans mes folies.

Tu as ramé à contre-courant de tous les ceux qui ont essayé d'entacher mon image à tes yeux. 

Tu es resté droit même quand la vie a essayé de te faire plier. T'es resté toi. 

Tu es l'image même du calme après la tempête et saches que jamais je n'ai regretté un seul instant de ma vie avec toi. 

On a fait deux extraordinaires petits humains, qui nous rappelleront à jamais qu'on s'est aimé assez fort pour être liés, par elles, pour la vie. 

Je m'excuse sincèrement pour le mal que je t'ai fait.

Tu as réalisé, moins vite que moi certes, que c'était la meilleure décision pour nous. 

Je souhaitais aujourd'hui te remercier d'être resté l'humain vrai et bon que j'ai toujours connu. Te remercier de ne pas avoir laissé la colère te changer. L'amertume ou la jalousie, tenter d'envenimer notre relation parentale. De ne pas avoir laissé ton malheur entacher le bonheur de nos enfants. 

Et surtout, je te remercie d'être le merveilleux papa que tu es pour nos filles. Ça m'émeut chaque fois que je vois un peu de toi en elles. 

Article rédigé par Cynthia Côté
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