Le syndrôme de l’imposteur

Voilà quelques semaines, une lectrice de la page Facebook de Je suis une maman a posé une question et je me suis tout de suite sentie interpellée par celle-ci. Voilà son questionnement :

Je me demandais si d’autres mamans ont déjà vécu le « syndrome de l’imposteur » à l’arrivée de bébé. Je suis tombée enceinte il y a trois ans, sans avoir eu à faire d’effort, et ça faisait longtemps que j’en rêvais. J’ai une belle poulette de deux ans et demi que j’adore par-dessus tout et j’ai plusieurs amies et connaissances qui n’arrivent pas à en avoir. J’ai toujours l’impression que quelqu’un va me taper sur l’épaule pour me dire « tasse-toi la grande, ce n’était pas à ton tour! ». Je crois que cette seule pensée me nuit dans mon rôle de maman. Quelqu’un a déjà vécu ça ?

Personnellement, je n’ai pas eu de problème à concevoir mes enfants. Oui, il me traversait parfois l’esprit de me dire que j’étais « chanceuse » d’avoir eu mes enfants rapidement alors que pour d’autres couples, c’est un parcours digne d’un combattant que d’essayer d’avoir un bébé à chérir. Le but de mon article n’est pas tant de raconter des histoires sur la fertilité d’un couple, mais plutôt la prise de conscience relativement au bonheur. Et cette question m’a permis de faire des liens avec mon propre cheminement. Je m’explique.

Longtemps, j’ai eu le syndrome de l’imposteur et j’ajouterais même qu’encore aujourd’hui, c’est quelque chose qui me guette à tout instant. Enfant, j’étais bonne à l’école, mais je ne voulais pas que les autres le sachent. Je ne voulais pas être étiquetée comme telle. J’ai acheté ma première maison à 21 ans et je me sentais coupable parce que mes parents faisaient faillite et perdaient la leur. Après, j’ai eu un bon emploi, je me suis mariée et j’ai eu mon premier bébé. Tout allait relativement bien et pourtant, j’avais constamment peur de recevoir le pot. Dans ma tête, c’est comme si je n’avais pas le droit d’être heureuse ou de mériter tout ce qui m’arrivait. Ça ne se pouvait pas que tout aille bien… Il m’arriverait sûrement quelque chose de grave parce que ça ne se peut pas vivre quelque chose de bien, tout simplement.

Quand j’ai fait ma dépression/burn-out en mars 2010, j’ai longtemps cru que j’avais pleinement mérité ce qui m’arrivait. Je payais le prix fort pour avoir été heureuse pendant un bon bout, pour avoir des enfants beaux et en santé, pour avoir une belle relation amoureuse avec mon homme, pour avoir eu la chance de voyager un peu, etc.  C’est fou non ? Aujourd’hui, avec le recul et avec l’aide d’une psychologue, je constate que je suis la première personne qui doit « dealer » avec ces perceptions-là. Personne d’autre que moi.

Souvent, je me sens mal à l’aise et super coupable quand le lis des histoires tristes de maladie, de mort, de perte d’emploi ou autre. Je cherche souvent à comparer ma tristesse à celle des autres en me disant que ce que je vis, ce n’est rien par rapport aux autres. Je ne me donne pas le droit de me plaindre, car je me dis, encore une fois, qu’il y a des situations pires que la mienne. J’ai un TAG (trouble d’anxiété généralisé) : je minimise, car cela ne m’empêche pas d’avoir un emploi ou même de sortir de la maison contrairement à d’autres. Mon fils a un TSA (trouble du spectre de l’autisme) : je ne me plains pas, car au moins, il parle, il se promène seul alors que d’autres enfants sont non verbaux, portent des couches et ont besoin de soins quotidiens. Vous suivez ma logique ? Avoir le sentiment que je ne peux réaliser des rêves ou être fière d’avoir accompli de belles choses dans ma vie (surtout au cours des dernières années), et ce, sans ressentir le syndrome de l’imposteur, c’est troublant. Un jour, ma psychologue m’a dit une chose importante : « Vous avez le droit d’être contente, heureuse et fière de vous. Votre bonheur ne minimise en rien la douleur ou la tristesse des autres, qui vivent leurs propres difficultés. Chacun vit sa vie à sa manière. On peut être empathique, éprouver de la tristesse ou de la colère vis-à-vis les situations des autres, mais à la base, cela leur appartient. Ce n’est pas vous. Point. » Depuis, ces sages paroles font leur bout de chemin dans ma tête, mais surtout, dans mon cœur.

Morale de cette histoire, vous pouvez vous permettre d’être heureux. Vous avez le droit de gagner plus d’argent que votre voisin, vous avez le droit d’avoir une compagnie prospère, vous avez le droit d’avoir des enfants en santé, vous avez le droit d’être belle tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, vous avez le droit d’être vous, tout simplement. Le syndrome de l’imposteur, c’est pour les autres…

Article rédigé par Carolyne Soulard
@SoulardCarolyne




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