Réflexions sur la vie de couple

Mon amour,

Ce soir, j’ai le cœur en miettes et l’anxiété dans le tapis. J’ai de la misère à trouver le sommeil alors j’ai décidé d’écrire. Il ne faut pas être devin pour réaliser que le temps file comme la vitesse de l’éclair. Entre le boulot, les enfants et leurs activités, mes études universitaires et mon implication dans mille et un projets, prendre du temps pour notre couple se révèle assez ardu. C’est vrai qu’on est une famille du genre cocooning ; tu aimes bien être entouré de ceux que tu aimes. Je le sais, car cette année, nous avons célébré nos 25 ans de vie de couple et je pense que je te connais comme si je t’avais tricoté ! Nous avons déjà passé plus de la moitié de notre vie ensemble et je sais que ce n’est pas fini… Il nous reste encore de belles années devant nous. 

À l’annonce au diagnostic de notre grand (TSA-Asperger), nous ne nous sommes pas écroulés. Oui, j’ai eu de la peine, je ne m’en cache pas. Toi, mon grand rationnel, pragmatique et cartésien, tu as pris ça comme un grain de sel et tu as dit : « Enfin, on peut mettre des mots sur des situations qui nous chamboulaient ». C’est tout ! Tu m’as prise dans tes bras en me disant que tout allait bien se passer. On a fait front commun pour soutenir notre adolescent en devenir. 

Les beaux souvenirs en amoureux ou en famille sont très précieux. On aime se remémorer nos voyages, nos folies, nos sorties avec les cocos, etc. Je pense qu’on a eu beaucoup plus de beaux moments que ceux que je considère plus sombres. Les épreuves ne nous ont pas épargné : deuil, maladie, chicane de famille, dépression et diagnostic TAG pour moi, vols, accident de voiture, blessure, etc. Chaque fois, nous nous sommes toujours relevés, prêts à relever de nouveaux défis. On dirait qu’il n’y a pas grand-chose qui t’affecte. Tu trouves toujours une solution à tout et quand je me mets à paniquer, tu me dis souvent : « Caro, calme-toi, prends ça relax » ou « choisis tes batailles ». Tu as souvent tendance à toujours voir le verre à moitié plein. Heureusement, car moi, des fois, je ne vois même plus le verre tellement je suis prise dans mes pensées… Ce qui nous sauve dans les moments plus rough, c’est l’humour. Mon Dieu qu’on peut rire des fois !

J’en arrive au sujet qui me tracasse, pour ne pas dire qui me bouleverse. Vivre avec un enfant atypique peut être essoufflant. Très peu de gens savent et comprennent ce que nous vivons au quotidien. Avec les années, j’ai fait des pieds et des mains pour que quelqu’un entende mon cri de détresse. Remarque que j’écris bien MON cri de détresse, car pour toi, il n’était pas si désespérant que cela. Tu me réconfortais en disant que le temps allait arranger les choses. J’étais au bout du rouleau. Je ne savais plus quoi faire et les émotions prenaient toute la place dans ma tête et dans mon cœur. Nous avons finalement eu de l’aide et nous avons également eu des outils et des suggestions pour améliorer notre dynamique familiale. Ce n’est pas toujours facile de se dévoiler devant des inconnus, mais tu l’as fait et je veux tu saches que je suis fière de toi. Je le sais que tu venais un peu à reculons, mais je pense que tu l’as fait par amour pour moi et les enfants. Mais, malgré ces beaux progrès, j’ai l’intuition que nous n’avons pas fini d’avoir des difficultés. Je ne sais pas pourquoi. Est-ce l’anxiété qui bloque tout contact avec le rationnel et le pragmatisme ? Est-ce que mes émotions, à fleur de peau depuis trop longtemps, qui me font dramatiser la situation ? Seul le temps nous le dira.

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Mais tu sais quoi ? J’ai compris quelque chose. J’ai réalisé à quel point nous sommes différents. Nous ne sommes sûrement pas le premier couple émotif-cartésien de la terre à vivre avec des visions et des perceptions différentes. Pourtant, jamais auparavant ces différences n’avaient semé tant d’émoi à l’intérieur de moi. On dirait que je viens de réaliser, 25 ans plus tard, que tu es toi et que je suis moi. C’est si simple comme formule, mais elle est si lourde de sens. Je voudrais penser comme toi pour alléger ma peine ou je voudrais que tu aies de la peine comme moi pour mieux me comprendre. Cela rendrait les relations si faciles ; pas d’ambigüité. Malheureusement, ça ne fonctionne pas comme ça. Je réalise aussi que je dois apprendre à accepter nos différences. Je dois accepter que ta vision des choses ne soit pas forcément comme la mienne et vice-versa. Je dois accepter que je ne pourrai jamais te changer comme tu ne pourras jamais me changer aussi. On ne peut façonner l’autre pour qu’il soit comme on voudrait qu’il soit. Je dois aussi accepter que ma peine ne t’appartienne pas. Elle est à moi. Tu es comme tu es et je suis comme je suis. Parfois, nous ne faisons qu’un, mais la plupart du temps, nous sommes 2 êtres humains à part entière, complètement différents. La morale de cette histoire : accepter les différences dans un couple. Point.

Article rédigé par Carolyne Soulard

@SoulardCarolyne

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