La promesse

Chaque année à votre anniversaire, je vous écris une belle lettre à toi et à ta sœur. Une lettre dont les mots sont déterminés par l’année que nous venons de passer ensemble. Bien souvent, quelques semaines avant la rédaction de cette lettre, je connais les émotions qui m’accompagneront lors de l’écriture. Cette fois-ci, je suis devant un mur. Un néant. Une page qui voudrait bien rester blanche. Mais j’ai besoin de t’écrire à toi, petit homme qui a maintenant deux ans.

J’aimerais bien te dire que la dernière année a toujours été magique. J’aimerais bien te dire que tout a été facile. J’aimerais te dire que j’ai gardé le sourire les 365 derniers jours et que j’ai adoré tout ce temps que nous avons passé ensemble. J’aimerais que ce soit vrai, mais, tu sais, mon rôle de maman n’a pas toujours été évident.

Tu m’as testée, tu m’as parfois donné envie de pleurer ou de crier. Il y a des soirs où j’étais tellement exténuée que j’avais l’impression de courir un éternel marathon. Je t’ai dit « non » tant de fois que j’en avais de la peine. J’ai eu mal aux yeux à force de devoir te surveiller comme un petit prisonnier qui essayait, tant bien que mal, de se sauver par toutes les issues possibles. Je l’avoue : j’ai même soupiré de fatigue par moment.

Mais, tu sais, mon petit amour, une maman a la faculté d’oublier rapidement. J’ai parfois dit qu’être ta maman n’est pas facile, mais je dois également te dire qu’être ta maman m’a permis de vivre de doux et merveilleux moments. Presque chaque soir tu es venu me voir pour qu’on se berce ensemble, et, là, je te murmurais à quel point je t’aimais. Et j’avais toujours en tête cette image qui compare la vie d’une maman à celle d’un athlète de compétition. À la ligne d’arrivée, la fierté est toujours présente. La sueur a coulé, les larmes aussi, mais quand la course est terminée, tu oublies tout sauf la fierté et le bonheur de la réussite. Être ta maman est la même chose. J’ai pleuré et j’ai parfois eu envie de baisser les bras. Mais, le soir venu, j’avais ma récompense. J’avais, devant mes yeux, le couronnement de ma vie. L’un de mes plus grands chefs-d’œuvre : toi.

L’année qui vient de se terminer m’aura aussi permis de te connaître, de savoir ce que tu aimes et ce que tu n’aimes pas. Tu m’as clairement démontré que tu étais un petit être à part entière avec sa propre personnalité. Tu veux explorer, tu veux découvrir, tu veux apprendre et c’est à moi de lâcher prise pour que tu vives tes propres expériences. Ça aussi ce n’est pas évident pour moi, ta maman. Sans doute que j’aimerais te protéger davantage, te garder pour moi et t’éviter les désagréments de la vie. Mais, la vie, justement, ce n’est pas ça et je dois le comprendre. À force de vouloir contrôler tes petits pas, j’ai oublié de rire, de savourer l’essentiel et de profiter de notre temps ensemble.

Pour toutes les fois où j’ai été impatiente, je m’excuse. Pour toutes ces journées où je n’ai pas pris mon rôle de mère au sérieux, je te demande pardon. J’aimerais te promettre que je ferai attention à l’avenir. Je mettrai de côté chaque mauvaise émotion pour ne me concentrer que sur le positif. Je dois être reconnaissante de la chance que j’ai. Tu sais, ta maman n’est pas parfaite. Elle fait des erreurs comme tout le monde. C’est de là que j’en tire toutes mes expériences.

Moi, la seule certitude que j’ai est que j’ai la capacité de te donner tout l’amour dont tu as besoin de la part d’une maman. Et je dois d’ailleurs te remercier, mon petit homme, parce que les soirs où tu es venu me retrouver pour t’endormir sur moi et te faire bercer, j’ai eu l’impression que tu l’avais compris. Tu le savais bien que j’avais le cœur plein d’amour pour toi, même si j’étais parfois irritable.
Tu m’auras appris toute une leçon, mon grand amour ! Il m’aura fallu du temps pour le comprendre. Maintenant, je te fais la promesse d’être à la hauteur.

Merci d’être dans ma vie. Ta sœur et toi serez toujours ma plus belle histoire d’amour.

Je t’aime !

Article rédigé par Kim Lefrançois-Racicot



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