Allaitement: témoignage de Maggy

Allaitement compliqué et abandon! 

Tout au long de ma grossesse, je m'étais préparée à vouloir allaiter. Je me disais que je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour réussir. J'ai suivis des cours de préparation à l'accouchement où l'on en parlait beaucoup et j'ai beaucoup lu de livres. Je me sentais informer et prête. J'avoue même avoir un peu jugé dans ma tête celles qui abandonnaient trop vite car je me disais que ce n'étais qu'à cause d'une mauvaise technique.
 
Après mon accouchement, qui s'est passé entièrement naturellement, mon petit garçon était très réveillé et prêt rapidement à boire puisqu'il n’avait pas subis les effets endormant d'une épidurale. Très vite j'ai voulu allaiter et il faut dire que j'ai accouché à St-Eustache, un hôpital très pro-allaitement. Mon petit Zachary a rapidement pris le sein et tout semblait se passer tel que je le désirais.
 
Oui, c'était sensible et très vite à l'hôpital, j'ai fais des gerçures. Je ne voulais pas abandonner. J'avoue avoir versé plusieurs fois quelques larmes quand il prenait le sein. De plus, je n'avais pas de colostrum ou très peu, car moi ni les infirmières arrivait à le faire couler. Donc, le petit buvait souvent, très souvent. La première nuit c'est presque passée entièrement au sein, je m’endormais même pendant l'allaitement et c'est les infirmières qui me réveillait quand elle passait me voir.  Je trouvais ça dure, mais je voulais continuer. 
 
Personne de ma famille avait allaitée, donc personne ne connaissait réellement cela, je ne pouvais compter que sur ce que j'avais appris, lu, et le personnel qui avais toutes des versions et opinions différentes sur les façons de faire. On prenait mon bébé, le déplaçait, prenait mes seins et les déplaçaient ... je me sentais comme une machine, mais je voulais continuer.
 
De retour à la maison, j'avais tout fait ce qu'il fallait, un beau coin tranquille, bouteille d'eau, téléphone, crème a seins, gros coussin. Ça semblait bien se passer, mais j'avoue que j’ai vite trouvé dure de m'assoir un peu exclus pour allaiter quand il y avait des gens à la maison... non parce qu’ ils me mettaient mal à l'aise, mais je trouvais ça plus facile car sinon je devais un peu plus me cacher la poitrine.

 
Mon bébé ne prenait pas de poids. La première visite de l'infirmière nous a inquiété. Il avait même encore perdu. On m’a remontré l'allaitement, on regarde, on cherche. Il était difficile de savoir si il buvait bien, c'est jamais vraiment clair avec l'allaitement, mais tout semblait parfait. Quelques jours plus tard, nouvelle visite au CLSC pour peser, il avait encore perdu du poids. Oh la, la fatigue a frappé et j'ai éclaté en sanglot. Tout était de ma faute, je n’arrivais même pas à allaiter mon bébé. Les jugements commençaient à apparaitre de l'entourage.  Allez-vous donner le biberon maintenant? J’étais en colère. Je sentais que par mon désir incroyable d'allaiter, je commençais à mettre mon bébé en famine, parce que je n'étais pas bonne. Il n'avait pas de succion. Comment régler ça quand tout le reste va bien?!
 
On nous transfère à l'hôpital qui examine mon bébé, qui examine l'allaitement. Tout semble beau, on me redonne des trucs, mais on reviendra demain pour voir. J’étais tellement tannée des hôpitaux, j'avais hâte de reprendre une vie normale.  Le lendemain matin, on repèse,  il a encore perdu du poids. On décide de nous garder 24h en support à l'allaitement. J’étais ouverte a l'idée, mais au fond de moi je trouvais cela ridicule de s'entêter à se point. Les jugements de tous continuaient et augmentaient. On rencontre Manon, la conseillère d'allaitement. Une perle. Une vraie connaisseuse, si réconfortante et calme. Une chance qu'elle était la.
 
On m'a conseillé de tirer mon lait et de le donner à mon bébé au petit ''cup'' entre les boires pour le ''gaver'' un peu. Parfait, moi et mon chum était prêt. Par contre, la voilà qui veut encore regarder ma façon l'allaiter. ''Foutez moi la paix avec ça, ma technique est bonne'' ... j’étais vraiment tannée de me répéter et que chaque infirmière voulait revérifier et changer des choses ou me redire que tout était correct. JE LE SAVAIS! Je me sentais vraiment niaiseuse face à elles.
 
Mon bébé était déshydraté. Voyons donc pas obliger de faire des prises de sang pour s’en rendre compte. 
 
Ma mère venant nous faire une visite n'en revenait pas de l'endroit où l'on nous avait mis pour nous aider à allaitement. J’étais pris entre 4 rideaux, la chambre était remplie de visiteurs et de bruit pour ce nouveau-née da coté. Elle décida de nous payer une chambre privée.  Merciiii!
 
Nous voilà en chambre privé... je fais ce qu'il faut, je tire mon lait et j'allaite. Je pourrais fournir l'étage en lait, oh non je ne manque pas de lait. La nuit arrive et on me réveille au 2h-3h pour allaiter. Je dois re-sonner pour leur dire combien de temps il a bu et combien de sein. C'est tout. Wow, beau support à l'allaitement. Tout ça pendant 24h. Sinon, une infirmière est venue une fois et pendant l'allaitement, m’a enlever le bébé du sein et la replacer autrement. 
 
Le lendemain, encore prise de sang et l'infirmière échappe les fioles par terre donc doit recommencer. Ma fatigue, mes douleurs d'accouchement (et de déchirures) et mes hormones commençaient à prendre beaucoup de place, mais je voulais continuer...j’étais très entêté. En fait, je me demandais jusqu’où il fallait se rendre avant d'abandonner. Il me semble, quand ça ne marche pas, ça marche ne pas. Tout était parfait, mais mon bébé n'avait pas de succion, aucune et on s’entêtait à toujours revérifier quand je savais que c'était là le problème. Mais on me disait qu'il n’avait pas besoin de succion puisque j'avais beaucoup de lait. Je n'y croyais pas.
 
Le soir, il a repris quelques grammes donc on nous laisse quitter. On doit par contre revenir le lendemain matin pour une autre pesée. J’étais inquiète, je croisais les doigts pour qu'il reprenne encore du poids. Moi et mon mari l'avons gavé, allaitement au 2h et on tirait mon lait dans des ''cups'' et lui donnait aussitôt qu'il était réveillé. Il était tellement tannée pauvre p'tit, mais il le fallait.
 
De retour le lendemain a l'unité des naissances, il a perdu ce qu'il avait pris. Goutte qui fait déborder le vase, j'éclate. Je m'effondre. J'en peux plus. J'attends juste que mon mari dise ce que je n'ose pas dire...qu'on arrête, c'est assez. Ils veulent refaire des tests, mais complet cette fois. Test d'urine complet (avec cathéter), prise de sang talons et veines (plusieurs). Je capote. Mon chum s'inquiète et tente de s'obstiner avec les médecins et autres membres du personnel. On demande à revoir Manon, la conseillère. Je pleure toute les larmes de mon corps, je ne veux pas rester ici encore. Elle me donne un nouveau truc. La dalle. C'est un tube de gavage (tube vraiment petit) que le vise à une seringue. On met mon lait que j'ai tiré dans la seringue et on insère le tube dans la bouche de mon bébé pendant que j'allaite. Donc, quand bébé tente de boire au sein, mon chum pousse sur la seringue pour donner encore plus de lait à chaque gorgée. Quel super truc!! Mais encore dans ma tête, je trouve que c'est tellement de l'acharnement, mais je veux allaiter, donc c'est d'accord.  Malgré tout ces bons trucs on veut tout de même nous garder.
 
Nous voilâmes à nouveau dans une chambre d'unité des naissances, mais avec un bébé de 9 jours. Tout ce qu'on fait de nos journées, c'est tenter de nourrir notre bébé. Je vous avoue que mon couple en a pris un coup. On ne servait plus à rien d'autre. De plus, les tests on été extrêmement difficiles. Voir mon bébé piquer de partout, 12-15 fois, les talons bleus, un cathéter à la vessie pour aller chercher de l'urine. Papa à flancher à se moment là. Il a pleuré et il est sorti. Moi, malgré la douleur et la souffrance, je ne pouvais pas le laisser seul. Je trouvais ça plus dure de sortir que de rester et le voir pleurer jusqu'a l’épuisement. 
 
Les résultats arriveront dans 2-3 jours. Quoi??? Et oui, nous voilà ici pour quelques jours.

Le lendemain soir, j'ai flanché. Les intestins qui déraillent, une crise d'urticaire, les larmes qui n'arrêtent pas de couler. Il fallait que je remonte et je devais voir combien buvait mon bébé pour l'aider à remonter. Mon chum propose enfin d'aller chercher des bouteilles. Oui, Oui... parfait, je suis d'accord, mais nous les rempliront de mon lait que je tirerai. 
 
J'ai trouvé ça tellement dure de lui donner un biberon, même si c'était mon lait. Je sentais que j'avais tout fait, mais en même temps pas assez. Je me sentais coupable. J'ai mis un règlement en place. Personne ne donnerait le biberon à part moi... je voulais garder ce lien avec mon fils. Manon la conseillère m’a encore une fois remonté le moral, aucun jugement, elle me disait '' tu sais, c'est encore de l'allaitement, mais avec un outil''. Elle me faisait du bien, quand je sentais que tous sauf mon chum ne comprenait rien à notre histoire et espérait qu'on abandonne pour revenir a la maison et à une vie normale.
 
Donc me voilà, que je passe mes journées à donner le biberon et tirer mon lait. Dans le fond, je n'avais rien d'autre à faire. Je dormais sur un lit d'hôpital avec mon fils (pas question pour moi de le coucher dans la p’tite boite de plastique) et mon mari sur un divan-lit minuscule à coté de nous. Ce qui n'est pas le mieux pour un couple encore une fois. 
 
Trois jours plus tard voilà que le résultat tombe. Notre fils a une infection urinaire. Toute simple, mais ce sera antibiotique par intraveineuse dans la tête ou la cheville pendant 10 jours ainsi qu'une échographie et une radiographie des reins et la vessie. On nous dit que c'est commun. Je capotais, j’étais à bout, mais au moins il avait enfin une raison au bout de tout ça. On comprenait enfin pourquoi il ne buvait pas bien au sein...l'épuisement dû au combat de la maladie. J'avais enfin la preuve que je n’étais pas si incompétente que ça. Mais là on le pèse tous les jours et il doit remonter. On nous propose de combler quelques fois avec du lait en poudre ''Nutramigen'' qui est compatible avec l'allaitement. Je veux et je ne veux pas en même temps. On a du changer son intraveineuse aux 2 jours, car ses petites veines éclataient à cause de l'antibiotique. 8-9 tentatives à chaque fois pour retrouver une veine. Ouf, ca été tellement difficile de le voir comme ça. Il fallait le coller, car sa sécurité était a zéro et ne remonterait que plusieurs semaines, voir mois plus tard.
 

Au fil de ses 10 jours, j'avoue avoir diminué au fil du temps le nombre de fois que j'ai tiré mon lait, surtout la nuit. Épuiser, complètement écœurer et maintenant devant laver des biberons, le tire-lait et tous ses accessoires dans les minis lavabo de l'hopital. Je trouvais tout cela épuisant. Je tirais moins mon lait, donc en avait de moins en moins. Je tirais 1 onze de mon lait que je donnais avant et ensuite je donnais du lait en poudre ''nutramigen''. 
 
De retour enfin a la maison, j'ai encore diminué en donnant seulement 1 ou 2 fois mon lait dans la journée. Je me réconfortais en me disant qu'on lui avait donné ce qu'on pouvait et que ce qu'on lui a donné, c'était déjà ça. Nous lui donnions maintenant mon lait ainsi que du ''Bon départ Probiotique et oméga 3-6'' je me disais que ça devait être pas trop pire puisqu'il avait des probiotiques.
 
Quelques jours après notre retour à la maison, on m'a découvert un abcès au niveau du coccyx et j'ai du retourner a l'hopital (dans la salle d'attente pour 32hre avant d'être transfere a la clinique de boisbriand) et je ne voulais pas que mon fils soit là puisque c'était rempli de gens malade, donc j'ai cessé l'allaitement cette journée là. De toute facon, quelques jours plus tard on a appris que notre fils était devenu allergique aux protéines bovines, donc on a du retourner au ''Nutramigen''.

Maintenant, mon fils boit à la bouteille, du lait tout prêt en canne... remboursé par les assurances. Notre vie est super. Je me suis sortie de ma dépression post-partum qui fu assez longues avec tout ce quon a vécu. Le samedi et le dimanche, Papa peut se lever vers 7h-8h  avec bébé après que je me sois levé la nuit et ainsi me laisser dormir et s'occuper de son fils. Ils ont de super moments ensemble. Je dirais que j'ai tout fait pour allaiter et que je ne vois jamais une fille avec mon ancienne mentalité qui ose me dire un jour '' tu n'aurais pas du arrêter, d'après moi ce n'était qu'une mauvaise technique''.
 
Je ne sais pas encore si je vais allaiter mon prochain bébé. Surement à l'hôpital, peut-être la première semaine, mais j'avoue adorer la facilité des biberons et de pouvoir reprendre ma pillule anti-conceptionnel.
 
Bonne chance à toutes dans votre allaitement. Mais sachez que votre santé (physique et mentale) compte avant. Votre bébé a besoin d'une maman en forme et de bonne humeur, ça aide autant sur sa santé j'en suis certaine. Vous aurez toujours des jugements, soit en allaitant ou soit en n'allaitant pas. Vous seule, savez ce qui est le mieux pour vous, votre conjoint et votre enfant....votre petite famille et votre santé!

Article rédigé par Maggy



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