Un CPE durant la crise

Vendredi 13 mars 12 h 02 : “Fermeture massive: l’annonce faite par le ministre de la Famille cible en effet les services de garde éducatifs à l’enfance (…)”

Voici un extrait du message envoyé ce jour-là aux parents de notre CPE. Une bombe venait de tomber! Pour la première fois de l’existence des CPE, nous étions confrontés à une fermeture massive. En fin d’après-midi, on se disait “À bientôt!”. Ordinateur et paperasse à la main, nous quittions pour 2 semaines de télétravail. Le temps d’avancer quelques dossiers dans le confort de notre foyer.


Dimanche 15 mars 15 h 41 : Point de presse du gouvernement... Tous les CPE doivent ouvrir lundi matin! Nous devions rappeler tous les employés au travail ne sachant pas trop ce qui nous attendait ce lundi matin là.


Il va sans dire que les dernières semaines ont été mouvementées. Réorganiser un service en ce temps de crise...


Ce qui se passe en CPE actuellement est à la fois magique et insécurisant. En très peu de temps, les nombreuses éducatrices du Québec ont dû mettre de côté les inquiétudes liées au COVID-19 et se mobiliser afin d’offrir un environnement bienveillant aux enfants des parents qui œuvrent dans les services essentiels et qui n’ont aucune autre alternative pour prendre soin de leurs enfants. Nous accueillons des enfants que nous connaissons déjà, mais aussi de nouveaux enfants qui proviennent d’autres services de garde qui ont dû fermer leurs portes. Je vais vous avouer que cette optique nous terrifiait. En temps normal, les nouvelles familles peuvent visiter les installations, rencontrer le personnel et passer du temps avec leurs enfants dans les locaux afin de faire une transition douce et agréable. En ce temps de crise, nous devons limiter l’accès aux installations et les contacts non essentiels. L’accueil des enfants se fait donc, dans la plupart des CPE, dans l’entrée, dans le vestibule ou dans le vestiaire fermé. Aucun parent n’est autorisé à circuler dans les installations.


J’étais déjà grandement impressionnée par les enfants de 0-5 ans mais là... c’est à un tout autre niveau. J’ai vu de jeunes enfants quitter leur parent, doudou en main, pour suivre une éducatrice qu’ils rencontraient pour la première fois. Des larmes? Non! Des crises? Aucune! Les parents qui viennent reconduire leurs mousses dans un nouveau milieu sont forts, compréhensifs et reconnaissants de pouvoir bénéficier de ce service de garde d’urgence. Les enfants le sont tout autant. Sourire aux lèvres, les enfants intègrent notre CPE avec une assurance épatante. Nous sommes choyés de pouvoir communiquer avec les parents via un journal de bord numérique qui nous permet d’envoyer des photos et ainsi les rassurer.

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Nos éducatrices sont fortes et dévouées à venir prêter main forte. Entre les nombreux lavages de mains et la désinfection de jouets, elles réussissent à conjuguer avec les recommandations de la santé publique. Habituées aux câlins, à la proximité et au compagnonnage entre les groupes, elles doivent adapter leurs actes professionnels afin d’assurer leur santé et celle des enfants.


Malgré toute cette effervescence, l’ambiance est incroyable. Rappelez-vous lorsque vous étiez jeunes et qu’une tempête de neige vous confinait à la maison... C’est un peu ce qui se vit en CPE actuellement. On fait des pique-niques, on construit des cabanes pour la sieste, on donne des bains de mousse à nos jouets, on joue dehors de longues heures. Le quotidien est différent, mais les enfants, jusqu’à maintenant, sont loin de ressentir l’angoisse et l’insécurité de notre société.

Je ne crois pas que les mots seront suffisants pour remercier et reconnaître le travail des intervenantes en petite enfance durant cette crise. Je ne vous cacherai pas qu’elles sont fébriles. Partagées entre l’inquiétude liée à ce virus et le désir profond de tenir le fort des services de garde éducatifs, les prochaines semaines seront intenses pour nos éducatrices (et éducateurs).

 

Lorsque nous nous relèverons de cette pandémie, je vous prie de prendre le temps de reconnaître les travailleurs qui auront été grandement impliqués, sans oublier vos intervenantes en petite enfance.

 

Prenez soin de vous.

Article par Sabrina D Garon

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