La vie et la garde partagée en temps de pandémie

Je ne vous apprends rien en vous disant que je suis maman mono à temps partiel (j’ai mes enfants une semaine sur deux). Je ne vous apprends rien non plus en vous disant que depuis la mi-mars, nous naviguons un monde qui a complètement changé. Nous sommes passés d’une vie normale, ultra rapide où tout est toujours urgent à un rythme un peu étrange. Tout va encore aussi vite (pour moi au moins), mais les façons de faire ont changé du tout au tout.

 

Mes enfants, comme les vôtres, ont cessé d’aller en classe. On leur a dit de ne pas s’énerver, que le retard serait rattrapé plus tard, que les travaux et la trousse du ministère n’étaient pas obligatoires. On a envoyé les parents à la maison. Pour eux, le travail demeure obligatoire (dans plusieurs cas), on s’attend à ce qu’ils « performent » tout en devenant un peu profs de rechange. Chez nous, le début de la crise a été chaotique. Je devais remplacer ma gestionnaire, je devais rassurer mes enfants, les encadrer et surtout leur faire respecter les nouvelles règles sanitaires (les deux mètres, le lavage de mains à tout moment…). Je l’ai fait. On l’a fait.

 

Puis sont venues les questions relatives à la garde d’enfants de parents séparés. Plusieurs se sont mis à crier que les enfants devraient ne rester qu’avec un des parents. Plusieurs ont hurlé que les parents qui respectaient leurs jugements de garde étaient inconscients et se souciaient peu du bien-être de leurs enfants. Les autorités ont dit que tant que les parents respectaient tous deux les règles sanitaires en place, que les jugements devaient être respectés. Comme quoi perdre accès à un parent pourrait être néfaste pour certains (sinon tous).

 

Mes enfants font donc toujours la navette entre leurs deux maisons et s’en portent très bien. Cela leur assure une stabilité qui autrement serait inexistante. Vous le savez, j’ai deux « spéciaux du chef », deux pas tout à fait neurotypiques et la stabilité est la clé. La vie presque normale a repris son cours pour ma plus jeune qui est retournée en classe récemment. Mon grand lui est au secondaire et étudie de la maison. On est passés de « gestion de crise complète » à « gestion de pourquoi elle et pas moi ».

 

J’essaie tant bien que mal de maintenir le sentiment de « normale » dans la maison. Je garde mes états d’âme pour moi, états que j’exprime lorsque les enfants ne sont pas avec moi. Je garde un horaire relativement serré quant à l’heure des repas, du coucher, de la douche, comme si rien n’avait changé. Je veux à tout prix protéger leur santé mentale à eux…tellement que pendant un moment j’ai oublié la mienne.

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Je découvre, depuis le début de cet isolement, que je suis comme ma fille…un « social butterfly ». J’aime être avec les gens. J’aime le contact humain et je m’en nourris. Par moment, ça me manque cruellement. J’ai craqué à l’occasion, j’ai pleuré plus d’une fois en allant me coucher le soir. Garder le masque devant les enfants ça va, mais il se retire rapidement une fois la nuit tombée. Lorsqu’ils quittent le vendredi après notre semaine en famille, le masque tombe et ne se remet que lorsque je parle avec quelqu’un. Que ce soit un collègue, des amis ou mes enfants, je fais « comme si ».

 

J’essaie de me garder la tête hors de l’eau, mais c’est parfois difficile. Je sais que j’y arriverai…mais je me demande au final de quoi aura l’air notre société une fois que tout cela sera terminé. Parce qu’il ne faut pas se leurrer, notre monde a changé et rien ne sera plus comme avant.

Un texte de Stéphanie Powers

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