Témoignage: La dépression post-partum

La maternité est remplie de tabous. L’un d’entre eux est la dépression post-partum. Savez-vous que « la dépression post-partum appelée post-natale affecte une femme sur six. Elle est vécue par 8%-15% des femmes qui ont accouché. »[1] Malheureusement, je fais partie de ces statistiques. Je vous raconte mon histoire…

J’ai vécu une grossesse rêvée. Après plusieurs mois d’essais infructueux, j’étais enfin enceinte. Un cadeau du ciel. J’étais aux anges. J’avais de l’énergie à revendre, mon moral était à son meilleur, je n’avais pas de nausées, juste un peu de fatigue. Bref, aux dires de mon entourage, je rayonnais. Et c’est ainsi que je me sentais : bien comme je ne l’avais jamais été. Tellement, que je craignais que mes hormones me jouent des tours après l’accouchement… Et c’est exactement ce qui est arrivé.

Bien sûr, après l’accouchement, j’ai pleuré à chaudes larmes, comme toutes les nouvelles mamans. Il n’y avait pas lieu de s’inquiéter : “c’est simplement le baby blues, c’est normal” me disait-on. J’ai donc pris mon mal en patience, j’ai bu des tisanes relaxantes, pris des oméga-3 en capsule et consulté une acupunteure pour essayer de me détendre. Trois semaines après la naissance de mon fils, mon état allait de mal en pis. Les larmes ont fait place à une anxiété constante, une boule dans mon ventre qui ne voulait plus me quitter, qui coupait mon appétit et troublait le peu de sommeil que j’étais en mesure de m’offrir. De plus, la relation avec mon petit coco était fragile et le processus d’attachement tardait à se faire. Je me sentais étouffée par mes nouvelles responsabilités et l’ampleur de la tâche. Je m’ennuyais de mon chum et de mes vieilles habitudes. J’avais peine à imaginer que la vie pourrait reprendre éventuellement un semblant de normalité, que je pourrais recommencer à faire les choses que j’aimais faire, que je pourrais passer à nouveau du temps avec mon amoureux et que nous pourrions avoir de beaux moments en famille. En fait, j’avais de la difficulté à penser tellement les idées s’embrouillaient dans ma tête. Je me sentais tellement coupable de ne pas être submergée de bonheur par la naissance de mon fils. Et j’avais l’impression que personne ne comprenait ce que je vivais. On me posait des questions telles que « Regrettes-tu?, Mais l’aimes-tu? ». Ben non, bien sûr que oui. Simplement, je ne me sentais pas bien en dedans. Tellement pas bien que je ne pouvais plus vivre normalement et que je me sentais incapable de m’occuper de mon bébé.

Aussi, l’allaitement m’épuisait. J’ai compris plus tard que l’allaitement épuise bon nombre de mamans. Mais les publicités vantant les avantages de l’allaitement n’en font pas mention. Je regrette que l’information qui soit véhiculée ne soit pas un réel reflet de la réalité. Je crois que nous pourrions être mieux préparées à ce qui s’en vient… Selon moi, ce n’est pas en mettant les choses plus roses qu’elles le sont que le succès soit garanti. Car, si on est vite charmée par le concept de toujours prêt, à la bonne température, pas de biberons à laver, etc., on peut également vite déchanter par l’engorgement, les meurtrissures, la fatigue, le fait de ne pas pouvoir partager la tâche avec notre conjoint, etc. Bref, j’ai décidé d’arrêter d’allaiter, car il en valait mieux pour la santé de tous. Cela ne s’est pas fait sans heurts. Je me sentais tellement coupable. En donnant une préparation pour nourrisson à mon fils, j’avais l’impression de lui donner ni plus ni moins que du poison à rat, d’être une très mauvaise mère et de mettre en péril son futur développement.

Trois semaines après la naissance de mon fils, j’étais tellement angoissée et anxieuse que j’étais totalement déconnectée de la réalité. Je paniquais à l’idée que mon amoureux retourne au travail et que je doive m’occuper seule de notre petit coco. J’étais en crise, sur le bord du gouffre. Je me sentais comme une héroïnomane en manque et je savais bien que les moyens naturels que j’avais essayés ne viendraient pas à bout de mon état. Je suis allée à la clinique d’urgence. J’avais envie d’être heureuse, de savourer le bonheur d’être avec mon fils, bref, de vivre une vie normale. Un médecin super gentil, humain m’a accueillie. Il m’a rassurée quant au fait que je n’étais pas seule à vivre cette situation. Beaucoup de mamans sont dépassées par les événements m’a-t-il dit. J’ai donc commencé à prendre des antidépresseurs et j’ai rapidement remonté la pente. D’un côté,  il est triste d’avoir à prendre des médicaments pour l’humeur alors qu’on devrait être comblée par la vie et heureuse. D’un autre côté, c’est un petit prix à payer pour retrouver l’harmonie et le calme dans son esprit et ainsi pouvoir vivre sa vie pleinement.

Les mois ont passé et toute la petite famille se porte à merveille. Je ne serais certainement pas en train de témoigner de tout cela si cela n’avait été de mon entourage qui m’a grandement soutenue dans cette épreuve, à commencer par mon amoureux qui fut d’une patience sans fin et d’un soutien constant, ma mère pour son écoute, notre accompagnante à la naissance pour ses précieux conseils, son écoute généreuse et ses encouragements et, évidemment, mes amies. Finalement, voici la leçon que je retire de cette épreuve : faire fi des jugements que l’on porte sur soi et du regard des autres, consulter sans honte et sans délai lorsqu’on a besoin d’aide et se confier à des gens en qui on a confiance. Voilà!

[1] http://revivre.org/troubles-depressifs-depression.php



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