À la limite des anges- suite et fin.

Au réveil, j’étais intubée, branchée, entourée de plusieurs infirmières. Je voyais mais ne pouvais pas parler, ni bouger. Ça été pour moi un choc immense. Quand elles ont remarqué mes yeux ouverts, ils se sont aussitôt refermés.

À mon deuxième réveil, elle était là, madame X. Elle m’explique tout ce qui s’est passé mais deux choses retiennent mon esprit, ma fille est en vie et en santé, et je n’ai plus mon utérus. J’étais trop gelée pour réagir. Trop souffrante, trop de morphine. À la sortie de Kate, j’ai tombé en hémorragie grave.

J’ai perdu tout mon sang deux fois et j’ai eu une vingtaine de transfusions de sang. On a failli me perdre deux fois. On a du m’enlever l’utérus sinon j’y restais. Et la cause? Une bactérie inconnue…

Crédit photo : Lydia E. Photographie


Crédit photo : Lydia E. Photographie

J’avais encore cette chose encombrante dans la gorge qui m’empêchait de parler. Alors j’ai demandé une feuille et un crayon en mimant et j’ai pu communiquer comme cela pendant quelques heures. Je me rappel des visites, mon chum pleurer, le soulagement de ma mère, ma souffrance masquée. Les heures qui ont suivi mon paru des jours. Je rêvais, rêvais de ma fille.

Mon ange, mon amour, ma princesse. On est venu me la déposer sur mon ventre quelques minutes mais mon manque de force m’obligea à la remettre à son doux papa.

Une journée et demie plus tard, j’étais transféré dans ma chambre. Je pouvais enfin savourer ma fille, la mettre sur moi, faire du peau à peau. Par contre, la chose la plus difficile d’une maman était présente, l’impuissance. Je ne pouvais pas la nourrir, ni la prendre, ni l’habiller, ni la consoler.

J’étais là, couchée sur mes dizaines d’oreiller, impuissante et le cœur brisé, à observer son merveilleux papa prendre soins d’elle.

Les jours on passés, l’angoisse est arrivée, les crises de panique ont fait surface, le stress tombait, les larmes coulaient. Après quelques jours à essayer de réapprendre à marcher, à manger et à sourire, j’ai eu mon congé. Nous partons donc en voiture, fenêtres baissées, musique allumée et cœurs soulagés. Arrivée à la maison, je me couche contre ma princesse et nous nous endormons.

Quelques heures plus tard, voilà le cauchemar qui recommence; je fais de la fièvre! Effrayée, sans infirmières à mon chevet, j’appel l’hôpital, le pharmacien et ma sage femme. Grâce à cette dernière, nous réalisons que c’est ma montée de lait qui crée cette fièvre. Merci doux Jésus!

J’étais tellement souffrante que je pouvais seulement dormir assise. Alors bien installée dans mon lazy boy, je tentais de fermer les yeux et de dormir.

Mais la vision de moi en train de m’endormir sur la salle d’opération et me réveillant intubée aux soins intensifs était bien enfouie en moi et m’empêchait de dormir. J’ai du lâché prise et être très forte pour pouvoir passer au travers ces mauvais souvenirs.

Alors après quelques jours, couchée dans mon divan une place, je tentais d’apaiser mon angoisse pour dormir en regardant les photos de ma fille sur mon cellulaire. Je savais alors que malgré le fait que j’avais frôlé la limite des anges, mon ange à moi était là, dans la pièce d’à coté.

Je t’aime Kate.

Article rédigé par Chatelle Turgeon
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