Maman, as-tu pris ton Concerta?

Drôle de question quand même. Habituellement, on entend plutôt l’inverse: “Mon chéri as-tu pris ta médication?”

Dans mon noyau familial, ce n’est pas l’enfant qui prend une médication pour le TDAH, c’est moi, la maman.

Je remonte donc à mon enfance où, franchement, l’école était un supplice. Je n’avais pas beaucoup d’amis et l’enseignante disait toujours “bla bla bla bla bla”.   

La fameuse prof dans Charlie Brown. C’était ma prof.Bla bla bla bla bla bla…bla.

Je gigotais sur ma chaise comme un petit ver sans vraiment déranger les autres. J’avais souvent un serrement autour du crâne et je m’arrachais des cheveux. Je me sentais comme un robot qui s’animait sans trop savoir pourquoi. Mes pieds se balançaient constamment sous ma chaise. Je n’en pouvais plus d’être assise. Il fallait que je sorte de là. 

Adolescente, j’avais développé des aptitudes à demeurer dans la lune sans que les profs s’en aperçoivent réellement. J’étais quand même sage. Mes pieds ballotaient toujours sous ma chaise et je rongeais mes ongles au sang. Je ne voulais surtout pas attirer l’attention…je ne faisais pas de bruit. 

Je ne voulais pas qu’on me sorte de ma lune.

Si par hasard, l’enseignant me posait une question, je paniquais. Mon anxiété grimpait en flèche, j’avais peur, je savais très bien que ma réponse ne serait pas la bonne.

Il y avait des chances que je refuse de répondre à la question et si on m’obligeait à répondre…bien je m’opposais. 

Je pouvais aller loin dans mes paroles méchantes envers les enseignants. J’ai envoyé promener ma première prof en sixième année.

“Si t’étais un peu intelligente, tu me laisserais tranquille, pis tes dents sont jaunes. Tu sens la cigarette aussi, tu me donnes mal à tête, arrête de respirer, tu me donnes le goût de vomir!’’

témoignage-TDAH adulte-Famille-maman-médication-ritalin-concerta-cheminement-Je suis une maman

D’ailleurs vers mes 13 ans, les migraines sont apparues. 

En crise migraineuse, je devais m’enfermer dans le noir. Aucun bruit. Aucune stimulation. 

Je me suis présentée aux urgences souvent. 

J’ai donc passé des scans, des tests pour confirmer le diagnostic de la migraine.

À 24 ans, je retourne à l’école pour entreprendre un baccalauréat en enseignement. Je réussis avec difficultés. Je travaille comme 12 pour finalement obtenir que des C+.

Toutefois, un jour, la professeure du cours sur l’acquisition des langues (qui m’a fait réussir, m’a poussée et qui m’a dit que j’étais bonne et capable) me donne un document. Ce document contient une grille à remplir. Cette grille porte l’appellation suivante: CARR. Elle m’aborde gentiment et m’invite à faire plus de tests. Elle pense que j’ai un TDAH. 

Je refuse de faire les tests. Je sais que je suis TDAH. Je ne veux pas l’entendre. Pas prête.

Évidemment, au quotidien, je développe des stratégies pour gérer le H assez bien. À 25 ans, je débute la course à pied. Je commence à faire de la longue distance. Je constate que le sport est essentiel à mon hygiène de vie. Courir me donne le focus nécessaire…pour les 2-3 heures qui suivent. Après, ça retombe et je ne ressens plus les endorphines. J’ai encore envie de gigoter. 

Les migraines sont toujours là. C’est difficile à gérer. Plusieurs traitements de fond sont essayés et malheureusement rien ne fonctionne.

Je suis de plus en plus désorganisée. Je suis mêlée, stressée et anxieuse. J’oublie beaucoup de choses, je conduis mal. Je suis impulsive plus que jamais. Je suis en SPM tous les jours…du mois.

Au boulot, mon enseignement va bien. J’évite toutefois des tâches essentielles, comme prendre les présences, faire des photocopies, assister à une réunion, remplir des documents…

Alors vient le jour où je me renseigne sur la corrélation entre les migraines et le TDAH. Il y a parfois un lien. Les céphalées pourraient être causées par une surcharge mentale.

J’en parle à mon médecin. Elle ne me croit pas. Selon elle, je n’ai pas de TDAH. 

Je ne la crois pas!

Je prends rendez-vous avec une neuro-psychologue au privé. Je veux faire les tests.

Je suis prête. Je suis prête à l’entendre. 

C’est donc à l’aube de mes 39 ans que j’obtiens officiellement un diagnostic de TDAH et j’ai beaucoup d’espoir envers la médication (traiter mon TDAH et par la bande; mes migraines).

Ma médecin au départ, ne voulait pas me prescrire des psycho-stimulants. Les effets secondaires sont majeurs, dont l’exacerbation de l’anxiété.

Mais après avoir essayé tous les traitements pour les migraines, ce n’est pas du ritalin qui va me faire peur…

Je lui explique que la cause majeure de mon anxiété est la peur de me tromper, de ne pas comprendre ce qui se passe autour de moi et d’avancer dans un épais nuage de fumée où je manque d’air.

T’aurais-tu mal à tête toi si tu vivais dans d’l’a boucane?

Je suis une adulte, je peux mettre des mots sur ce qui ne va pas. Je sais ce que c’est l’anxiété, le stress, la panique. Je mets des mots sur mes sentiments. 

Depuis quelques mois maintenant, je prends ma médication tous les matins. Je poursuis l’entraînement 5 fois par semaine et je mange bien.

Pour terminer, les migraines ne viennent plus autant me visiter. 

Yé!  

Ça va bien, le nuage est moins épais. Le brouillard se dissipe. Je respire enfin.

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J’adore les photos, je suis sur Instagram.

Article et photos par Laurence A. Lavigne
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