Aujourd'hui, je suis tombée...

Ce matin même, j’ai accepté mon tout premier don de nourriture. Je m’apprêtais à refuser net, quand j’ai regardé les yeux de mon enfant, ses yeux tout brillants à la vue de la petite boîte de produits de boulangerie un peu trop « vieux » pour être vendus, dans laquelle on pouvait voir une chocolatine.

J’ai fait le calcul, très rapide, les factures qui s’empilent plus vite que mon salaire peut entrer et j’ai su, en l’espace d’un instant, que je n’aurai pas les moyens d’acheter ce genre de gâterie de quelques dollars à peine à mon enfant, ni cette semaine, ni la prochaine, et fort probablement pas l’autre semaine d’après non plus. Le cœur aussi lourd que la honte qui tire mes yeux vers le sol, j’accepte le don.

J’admire mon fils, rempli de joie de vivre, dévorer avec gourmandise sa pâtisserie lorsqu’il me la tend : mon bébé, mon grand cœur tendre de 3 ans tient absolument à partager avec moi. Avec un sourire, je prends une bouchée et je commence à mâcher quand mon fils dit : « On est chanceux nous hein maman ? » Chanceux ??? Et là, la boule dans la gorge, tellement intense que je n’arrive plus à avaler… Le chocolat goûte soudainement toutes les fois où j’ai prétexté ne pas avoir faim pour souper quand il avait tout juste assez de nourriture pour mon enfant, toutes les fois où je me suis dit que c’était beaucoup plus « écolo » d’acheter des vêtements usagés et de rapiécer beaucoup trop de fois mes propres morceaux de linge, les fois où je me suis exclamée devant mon enfant sur le fait qu’il grandissait tellement vite lorsqu’il me disait que son pantalon était un peu trop court, toutes les fois où je me suis dit que ce qui compte plus que tous les biens matériels, c’est l’amour…

Ce matin, mes propres mensonges, je n’y crois pas moi-même. Ce matin, je suis tombée en bas de mon cœur de mère.

Vous me demanderez quel est le but de ce texte ? Femme éduquée ayant un emploi stable avec un salaire décent, j’ai pris la décision il y a déjà deux ans d’élever mon fils seule mais dans un logis plein d’amour où on pourra enfin se sentir en sécurité et je l’assume pleinement.

Je ne demande rien, rien d’autre que la permission de dire, de décrier, de hurler ma peine, mon indignation, ma honte et mon sentiment d’échec, même en silence, même de façon anonyme. J’ai besoin de le faire parce que cet exutoire me permettra de continuer à me battre, de me relever même si je sais que je retomberai sûrement un jour, d’escalader la montagne de ma tristesse jusqu’à mon cœur de mère et de pouvoir sourire à mon p’tit bonhomme quand il me demandera : « Maman? Tu veux jouer au superhéros avec moi ? »

Auteure anonyme




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